Il semble que la guerre en Ukraine va provoquer des tensions sur le marché mondial des denrées alimentaires …
En effet si la France n’a pas à redouter de pénurie alimentaire mais à court terme il y aura d’importantes conséquences sur les coûts des aliments, du fait de la flambée des prix de l’énergie et des matières premières.
C’est inévitable : à l’heure du commerce mondialisé, toute perturbation chez un acteur majeur provoque des tempêtes ailleurs sur le globe. Les prix mondiaux des céréales, du maïs, du colza ou encore du soja ont d’ores et déjà connu une flambée inédite. Ces hausses se répercuteront tôt ou tard dans notre assiette
Mais l’Ukraine n’est pas le seul producteur de blé …
Non mais la Russie et l’Ukraine, grâce à leurs terres noires très fertiles sont des producteurs de premier plan : la Russie est ainsi le 1er exportateur mondial de céréales / l’Ukraine, le 4eme exportateur mondial de maïs / le 5eme de blé / 3eme d’orge, 1er d’huile de .tournesol.
À eux deux, ces pays assurent 30 % des ventes mondiales de blé et d’orge. Ainsi par exemple l’Égypte leur achète 84 % de ses besoins en blé, la Turquie les trois quarts, et le Liban la moitié. Une dépendance aux importations qui laisse planer le spectre de la famine et de nouvelles émeutes de la faim dans ces pays. Manque de chance, leur vulnérabilité est accentuée cette année par une forte sécheresse, et certains pays possèdent moins de trois mois de stocks de céréales.
Ce n’est pas notre cas en France …
Oui mais si l’Ukraine ne peut exporter ses stocks, et surtout ne peut semer et récolter les prochaines cultures, l’approvisionnement mondial en céréales s’annonce très tendu non seulement pour 2022, mais aussi pour 2023. Le trafic maritime depuis les ports de la mer Noire, plaque tournante du commerce des céréales, est à l’arrêt ou presque, tandis que le coût du fret et des assurances des navires s’envole… Impossible de tabler sur un retour rapide à la normale notamment si les semis ne peuvent être assurés dans des pays mobilisés par une violente guerre.
De plus les prix des fertilisants ont plus que doublé depuis le début des tensions. Les engrais azotés sont fabriqués à partir de gaz naturel, deux secteurs dans lesquels « la Russie est un acteur clé ».
Pourquoi les éleveurs français sont directement concernés ?
Parce qu’ils subissent de plein fouet les hausses des aliments du bétail !
Les prix du blé, du maïs et des tourteaux bondissent et se répercutent inévitablement sur leurs coûts de production après une année 2021 déjà sous le signe de l’inflation. D’autres fournisseurs existent comme aux Etats Unis mais accepterons-nous de nourrir nos animaux avec des produits OGM alors que les scientifiques nous alertent sur leurs conséquences néfastes pour notre la santé des consommateurs.
Et dans les autres secteurs de l’alimentation ?
Toutes les entreprises agroalimentaires qui commercent avec la Russie et l’Ukraine sont concernées. En 2021, près de 900 millions d’euros de produits alimentaires (champagnes et alcools forts, mais aussi semences, céréales, œufs, protéines laitières et poudres infantiles, chocolat, tabac, etc.) ont été vendus à la Russie. Ce pays est aussi l’un de nos principaux fournisseurs de poissons comme le lieu péché en grande quantité en Alaska.
Idem avec l’Ukraine tant au niveau de nos exportations (alcools, semences et céréales, divers produits alimentaires…) que de nos importations. De plus nos industriels possèdent là-bas des sites de transformation pour la consommation locale, à l’instar des industriels laitiers Lactalis et Savencia : si certaines usines continuent à tourner dans l’ouest du pays, d’autres sont menacées, voire à l’arrêt.
Comment réagissent les filières professionnelles de l’alimentation ?
La plupart en profite pour remettre en cause la politique environnementale de l’Union européenne! Les appels à passer outre le Green Deal européen et sa déclinaison pour l’agriculture se multiplient, pour outrepasser les contraintes environnementales … à l’inverse du souhait des consommateurs, soucieux de la qualité de leur alimentation !
La Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) appelle à produire plus grâce au génie génétique, aux OGM, à la robotique … alors qu’au contraire la Confédération Paysanne demande le développement d’une agriculture paysanne, diversifiée, peu gourmande en intrants et favorable aux circuits courts. Débat à suivre de près dès maintenant …