Lorsque nous voulons acheter ou vendre un logement, il faut faire réaliser un diagnostic. Pourquoi ?
Oui c’est indispensable pour estimer ce que coûtera l’entretien de la maison ou de l’appartement que vous souhaitez acheter ou louer. Et si vous êtes vendeur, le classement obtenu aura une forte incidence sur le prix de vente ! Le classement va de A pour un logement très bien isolé à G pour une passoire thermique. Ce diagnostic s’appelle le DPE -Diagnostic de Performance Energétique- et son principe est d’autant plus pertinent que les coûts d’énergie augmentent beaucoup en Europe actuellement …
Votre mouvement -l’UFC Que Choisir- avait réalisé une enquête il y a quelques années sur ces Diagnostics de Performance Energétique. Les résultats étaient sévères pour cet outil pourtant indispensable. Qu’en est-il aujourd’hui ?
Eh bien c’est toujours du grand n’importe quoi comme nous le démontrons dans le numéro 267 de notre revue Que Choisir qui vient de paraitre avec en couverture le titre « Quel scandale ! » pour dénoncer un flot d’erreurs très pénalisantes. Cinq ans après notre première enquête, et malgré une réforme de ses modalités, nous publions les résultats d’une nouvelle enquête accablante sur la qualité des diagnostics de performance énergétique (DPE) des logements. Notre analyse porte sur 34 diagnostics réalisés dans 7 maisons situées dans différentes régions de France et nous avons constaté … de stupéfiants écarts !
Donnez-nous un exemple
Eh bien pour plusieurs maisons diagnostiquées par plusieurs « experts » 6 d’entre-elles ont été classées différemment et cela jusqu’à trois classes d’écart ! Il y a même une maison pourtant aménagée en basse consommation dont la classe de DPE va de B à E suivant les certificateurs ! On pourrait en rire si ça n’avait pas une importance décisive sur les factures de chauffage du futur habitant. Pire, à partir de l’année prochaine, un mauvais classement pourrait vous interdire de vendre ou louer un logement classé énergivore !
Je crois que ces diagnostics doivent comporter aussi des recommandations …
En effet, la réglementation impose aux diagnostiqueurs de faire figurer sur le DPE des recommandations sur des travaux permettant d’améliorer l’efficacité énergétique des logements ou de limiter les émissions de gaz à effets de serre. Or, certains conseils sont tout simplement ahurissants : l’un d’eux a ainsi recommandé la pose d’un chauffe-eau solaire alors que la maison en disposait déjà ! De même, les estimations de travaux jugés essentiels pour une même maison varient d’un peu plus de 3 000 euros à 10 fois plus pour un autre diagnostiqueur.
Mais ce sont pourtant des professionnels reconnus ?
Oui, les professionnels contactés sont tous présents sur un site gouvernemental recensant les diagnostiqueurs certifiés. Autrement dit, les pouvoirs publics qui cautionnent cette situation ont une lourde responsabilité sur le sentiment légitime de défiance existant à l’égard des DPE. Notre nouvelle enquête révèle que la certification ne garantit pas la qualité des prestations réalisées par les diagnostiqueurs qu’ils soient indépendants ou membres d’un réseau. Les consommateurs sont donc aujourd’hui largement démunis pour prendre attache en toute confiance avec un diagnostiqueur.
Que propose alors votre mouvement ?
L’UFC-Que Choisir demande au gouvernement de revoir de fond en comble le processus de certification des professionnels du diagnostic. Nous demandons notamment de rendre opposable aux diagnostiqueurs les allégations du DPE sur les travaux recommandés. Nous restons vigilants afin d’assurer aux consommateurs que le recours à un professionnel certifié est réellement gage de qualité.