L’UFC Que Choisir représente les consommateurs depuis 1951. En 70 ans la société a beaucoup évolué … et votre association aussi je suppose …
En effet les premières années sont caractérisées par la volonté d’informer les consommateurs en France mais aussi de se fédérer avec d’autres initiatives européennes. Les pouvoirs publics de l’époque encouragent en effet le développement de la consommation mais aussi la gestion de l’abondance pour limiter les pertes et les gaspillages.
Mieux choisir devient notre slogan dans les années 60 avec la publication des premiers tests de produits et leur comparaison. Extrait de l’éditorial du premier numéro de Que choisir : L’union des consommateurs vous permet de choisir en connaissance de cause et permet de traiter de pair à égal avec les producteurs et les vendeurs.
N’est-ce pas un peu prétentieux pour une petite association ?
Non car la transparence exigée fait beaucoup de bruit comme en témoigne par exemple le flux de réactions sur les taux de pollution des plages françaises et leur origine révélées officiellement en 1970 dans une conférence de presse mémorable.
Sous la pression de l’opinion publique les instances officielles seront alors obligées de publier désormais les analyses secrètes des résultats d’analyse de l’eau de mer.
Face aux critiques, l’UFC argumente sur le plan scientifique : Notre association est totalement indépendante et apolitique ; elle se consacre exclusivement à l’information des consommateurs, au service de leurs intérêts et à la sauvegarde de leurs droits.
Pouvez-vous nous donner d’autres exemples ?
Il y en a beaucoup ! l’affaire du talc Morhange en 1972 avec la mort de 36 nourrissons, le taux de mercure dans les produits de la mer, l’utilisation des antibiotiques dans l’élevage, les marges excessives de certains magasins, les particules d’amiante dans le vin, la dangerosité de certains aérosols, les marées noires, etc.
Ces dénonciations de scandales et les campagnes de boycott aboutissent à la promulgation de La Loi Royer permettant aux associations agrées d’exercer l’action civile, devant toutes juridictions, l’action civile relative aux faits portant un préjudice direct ou indirect à l’intérêt collectif des consommateurs.
Il faut des moyens pour cela …
Oui, le développement des unions locales et du nombre de leurs adhérents permet d’engager des procès et de se défendre d’attaques de lobbies. Des juristes sont embauchés au siège de l’UFC, ils font évoluer le droit de la consommation et notamment la jurisprudence.
De plus, la revue publie des Une décapante comme par exemple Boycottez les colorants. Ces articles ont un fort retentissement dans l’opinion publique et d’autres médias relaient l’information, amplifient sa divulgation et obligent les industriels à prendre en compte les exigences sanitaires des consommateurs.
C’est donc la santé qui constitue votre cible principale ?
Non, notre mouvement est également très actif dans la lutte contre l’inflation, la guerre des prix notamment par les enquêtes reposant sur la méthode d’un panier d’une cinquantaine d’articles de consommation courante.
A titre d’exemple, en 1978, les militants de nos 74 unions locales relèvent 450 000 prix dans 1270 grandes surfaces et publient un classement retentissant des enseignes.
Autres exemples, le bras de fer engagé par l’UFC contre les pneus Kléber V12 après le signalement de 300 cas d’éclatement inexpliqués, les dossiers sur le nucléaire, le veau aux hormones, les comparatifs d’appareils ou de véhicules, les frais bancaires, etc.
Et aujourd’hui ?
La crise actuelle a exacerbé l’aspiration des citoyens à une consommation plus juste, plus sobre et plus responsable selon les mots de notre président.
De poil à gratter puis de trouble-fête, nous sommes devenus une organisation lobbyiste qui régule l’économie en faisant jouer le pouvoir des consommateurs par nos publications, alertes, dénonciations, enquêtes, pétitions, expertises , procès et maintenant applications informatiques . Autant d’outils au service de nos 133 000 adhérents répartis en 220 unions locales.