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Henri Pérouze, citoyen militant engagé dans plusieurs mouvements, auteur de deux ouvrages dont « Subir ou agir ? » conférencier, co-fondateur de l’association Chrétiens et Pic de pétrole,
Psychosociologue, ex-PDG d’une société de conseil en organisation,
Organisateur de rencontres culturelles dans le nord Drôme depuis 15 ans (causerie, spectacles)
Il nous parle aujourd’hui de … ou il nous invite ce jour à réfléchir à ….
Il a dû vous arriver comme à moi d’être déçu par une conversation avec un interlocuteur. Plusieurs causes possibles : cela peut-être dès le départ une poignée de mains fuyante, ou molle ou non soutenue par un regard direct, franc. C’est étonnant le nombre de personnes qui disent bonjour en regardant ailleurs alors que l’on pourrait se dispenser des formules creuses du genre « comment ça va » rien qu’en observant son interlocuteur !
Il peut s’agir bien sûr de timidité, de réserve excessive notamment en cas de différence importante d’âge ou de statut … mais je crains que souvent cette fuite traduise un refus d’engager une réelle relation avec l’autre !
Il est vrai qu’entrer en relation est plus exigeant que le croisement de monologues comme on peut en entendre chaque jour. Par exemple, observez combien de fois lorsqu’une personne dit « je suis allé dans tel pays et … » elle est interrompue par son interlocuteur qui dit « ah oui, je connais, j’ai fait aussi ce voyage … » !
La sagesse voudrait qu’on laisse développer la pensée de la personne / qu’on la reçoive attentivement pour bien en saisir le sens / ce que cela représente pour elle /pourquoi elle tient à nous en parler / apprécier si elle souhaite un véritable échange nous permettant à notre tour de lui exprimer un point de vue ?
Déjà, combien de fois croyons-nous saisir la signification des propos alors que nous projetons simplement notre interprétation en fonction de notre propre cadre de référence –par nature différent pour chacun de nous. Nous oublions volontiers que chaque parole est codée pour transmettre une signification propre à chaque individu d’autant que diffèrent nos origines, nos éducations, nos groupes d’appartenance actuels et nos aspirations !
Ce manque d’attention à l’autre n’est pas compensé par la proximité quotidienne : sans parler de certains couples qui vivent en fait simplement côte à côte dans l’indifférence ou face à face dans la tension, amusez-vous à interroger des cadres sur la couleur des yeux de leur plus proche collaborateur ou collaboratrice : « Euh … je ne sais pas » … traduit l’absence de relation humaine authentique avec ce que cela suppose de disponibilité et d’écoute.
Parlons-en de l’écoute ! C’est la grande absence de beaucoup de rencontres comme on peut l’observer chaque jour dans des entretiens et les réunions où se chevauchent les prises de parole comme autant de prise de pouvoirs sur l’autre. Quel manque de respect que cet envahissement du lieu d’échange par des égos surdimensionnés / ou alors fragiles au point de ne pas se risquer à la découverte d’autres points de vue qui pourraient ébranler leurs certitudes, leur petit monde clos …
Quel bonheur de participer à une conversation qui comporte des pauses, des silences, où l’on peut réfléchir, apprécier la différence comme source d’enrichissement mutuel, développer sa pensée dans un espace ouvert et sans jugement !
Les livres et les formations à la CNV Communication Non Violente diffusent cette dynamique d’approfondissement, de richesse humaine. Des mouvements comme DS Démocratie et Spiritualité ritualisent le fait de laisser s’écouler quelques secondes avant de prendre la parole à son tour.
Essayez dès ce soir avec votre conjoint, vos enfants ou votre voisin, cela change tout !