Chronique « Chercheurs de sens »
pour RCF 26-07
Une hospitalisation récente m’incite à vous faire part de quelques réflexions. Même retraité mon planning restait chargé et je consacrais l’essentiel de mon temps à mes différentes activités bénévoles jusqu’à ce qu’un accident allège brutalement mon agenda : 10 jours et 10 nuits immobilisé sur le dos à ne fixer que le plafond oblige à repenser ses priorités …
Pourquoi sommes-nous si souvent occupés ? Après quoi courons-nous ? Qu’est-ce qui est essentiel dans la vie, dans notre vie ?
Bien sûr nous avons de nombreuses raisons pour nous activer chaque jour : assurer les tâches qui nous sont confiées, répondre aux sollicitations, prendre des initiatives pour faire sa part face aux défis actuels, s’informer, etc. bref du soir au matin nous passons d’une activité à l’autre sans transition, sans recul, sans réflexion, parfois même dans la précipitation.
« Je n’ai pas le temps » est une phrase qui revient souvent alors que nous devrions plutôt dire « je n’ai pas pris le temps » car qui commande vraiment notre emploi du temps ?…
Si nous nous arrêtons pour observer nos compatriotes dans la rue, dans un centre commercial, une gare, nous voyons beaucoup de visages fermés, le corps tendu, le mental préoccupé mais après quoi courent-ils ?
Si je suis honnête je leur ressemble souvent car j’ai toujours quelque chose à faire ! Quelle est la cause de cet activisme ?
- la peur de se retrouver face à soi-même,
- de ne pas être à la hauteur de son image,
- de se retrouver face à la question du sens de notre agitation ?
Oui, pourquoi toute cette succession ininterrompue d’actions, par réflexe, habitude, besoins, désirs, sollicitations ?
Trop souvent, nous sommes aliénés, enchainés par nos habitudes et nos pulsions, nous ne prenons pas assez le temps de nous questionner sur la différence entre nos besoins naturels et nos désirs sans cesse alimentés par les injonctions publicitaires comminatoires : il faut acheter ceci, se comporter comme cela, etc.
Si nous étions observés par un membre d’une communauté indigène dite primitive, il ne comprendrait pas notre servitude volontaire, notre assujettissement à beaucoup d’occupations futiles en fait et dont il ne restera aucune trace après nous.
Méditons une phrase célèbre d’Albert Camus « Un homme ça s’empêche » Elle est plus que jamais d’actualité avec la frénésie consumériste, le déchainement de violences et la destruction de notre environnement.
Nous pouvons aussi relire la parabole de Luc chapitre 10 où les deux sœurs reçoivent Jésus. Marthe s’active seule au service pendant que Marie l’écoute assise à ses pieds. « Marthe, Marthe, tu t’inquiètes pour bien des choses. Une seule est nécessaire. C’est bien Marie –celle qui écoute- qui a pris la meilleure part …
Entrainons-nous donc à faire la pause, à savourer chaque instant, à réfléchir à nos limites, à nos sources. Le temps de nous relier avec l’invisible, à ce qui nous dépasse et nous réunit tous.