Nous entendons parler souvent de la fin du monde. Cette expression cache une grande confusion. De quel monde est-il question ? Je ne veux pas évoquer la parousie, l’avènement du Royaume ni les élucubrations de sectes. Je veux plutôt entendre dans cette expression la fin de ce monde !
Oui, la fin d’un monde de cupidité, de destruction de la biodiversité, de pillage des ressources, de l’exploitation des plus faibles, de croissance exponentielle des inégalités, de dérèglement climatique, de dérégulation financière, etc.
Beaucoup d’experts scientifiques nous démontrent que « on ne peut avoir un développement illimité sur une planète limitée ». Une nouvelle discipline émerge : la collapsologie qui analyse la fin de ce monde, son effondrement déjà en cours. A titre d’exemple, la sixième extinction des espèces est largement entamée et les conditions de vie sur terre compromises à long terme par les conséquences de la pollution irréversible de notre environnement.
L’histoire humaine nous enseigne que de grandes civilisations ont vu le jour, se sont développées jusqu’à leur apogée puis se sont effondrées et ont aujourd’hui disparues. La prise de conscience se généralise, les signaux d’alerte se multiplient, de nombreux discours de dirigeants semblent en prendre la mesure et des objectifs de changement sont annoncés dans les grandes conférences internationales.
Le problème c’est que nous ne voulons pas croire ce que nous savons ! Nous souffrons de dissonance cognitive c’est-à-dire que nous ne modifions pas nos comportements en conséquence …
A titre d’exemple, comment peut-on à la fois déplorer la désertification des magasins de proximité et continuer à prendre sa voiture pour aller s’entasser dans les grandes surfaces ? Comment peut-on dénoncer la pollution et en même temps envier les croisiéristes qui traversent les mers sur un navire qui consomme 270 tonnes de carburant détaxé par jour ? Vouloir une nourriture saine et encourager l’agriculture industrielle ?
L’exigence de cohérence ne concerne pas que les personnages publics. Nous sommes prompts en effet à dénoncer les écarts entre leurs discours des hommes politiques et leurs décisions mais nous apparaissons peu attentifs aux nôtres. L’histoire de la paille dans l’œil du voisin ….
Oui chacun de nous, à son propre niveau, peut contribuer à enrayer l’effondrement en cours, en fonction de notre propre talent, manuel, intellectuel, artistique. Chacun de nous a des compétences et peut les mettre au service de l’intérêt général sur son territoire.
« L’espérance est un risque à courir » disait Georges Bernanos.
Encourageons donc toutes les initiatives qui s’efforcent de faire advenir un monde meilleur ici et maintenant.