Les injonctions à la sobriété envahissent nos médias depuis la rentrée. Les discours officiels nous répètent en boucle qu’il faut limiter nos consommations d’énergie, diminuer le chauffage de nos logements, ne pas gaspiller l’eau et éteindre les lampes inutiles …. mais quel paradoxe ! ou même quelle hypocrisie lorsque ceux qui profèrent ces incantations à la sobriété témoignent du contraire dans leurs décisions et dans leurs actes !
Nous nageons en pleine contradiction puisque notre société est basée sur la croissance illimitée donc sur l’épuisement des ressources et la surconsommation. La majorité des économistes et des chroniqueurs ainsi la plupart des dirigeants n’ont en effet que la croissance comme mantra. Parfois, des éclairs de lucidité comme le Président Chirac qui disait « La planète brûle et nous regardons ailleurs » … tout en poursuivant une politique de croissance, du toujours plus, de l’hubris disait déjà les grecs.
L’omniprésence de la publicité a tellement conditionné nos imaginaires que nous ne résistons pas à la schizophrénie ambiante. Nous savons qu’on ne peut continuer comme ça mais nous croyons toujours au progrès de l’accumulation matérielle, et de l’innovation technique.
Comme les précurseurs de l’écologie depuis soixante ans, le pape François nous avait averti dans une encyclique de 2012 :
Je cite : « Tant que l’on ne s’attaquera pas aux causes structurelles (autonomie absolus des marchés et spéculation financière) les problèmes du monde ne seront pas résolus, ni en définitive aucun problème »
Comment qualifier l’incohérence dans laquelle nous sommes plongés par cette croyance dans la croissance ? dissonance cognitive … schizophrénie … aveuglement ?
La sobriété qui s’esquisse à travers les discours actuels prépare la population à l’austérité alors que sont préservés les privilèges des plus riches, les grands travaux inutiles, la dérégulation, la course au profit à court terme, la privatisation des biens communs dont les services publics.
Il est temps de méditer la fameuse phrase de Bossuet : « Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes ».