Le terme de bifurcation apparait actuellement dans les médias pour désigner le virage que prennent les personnes qui décident de quitter les filières d’emploi classiques pour entreprendre un travail qui a davantage de sens à leurs yeux.
Aux Etats Unis, ce sont des milliers de salariés qui auraient abandonné leurs postes, leurs Bullshit jobs, emplois à la con disent-ils, vide de sens. Les recruteurs s’affolent devant ces exigences de qualité de vie !
En France, nous avons entendu les déclarations fracassantes de jeunes diplômés de l’enseignement supérieur (Agro, Polytechnique, etc.) qui refusent de servir des industries polluantes ou produire de la malbouffe.
Plus près de nous, nous pouvons observer des choix de vie privilégiant l’intérêt du travail à l’augmentation du pouvoir d’achat. En effet, posséder des voitures ou des logements de plus en plus grands, aller en we au bout du monde ne constituent plus des objectifs pertinents pour celles et ceux qui ont pris conscience de l’absurdité d’une société vouée à la consommation exponentielle et donc à l’épuisement des ressources.
Bien sûr, cela ne concerne encore qu’une minorité et bon nombre de travailleurs -chargés de famille- acculés à des fins de mois difficiles ne peuvent s’échapper de la ronde infernale production-consommation qui les asservit par exemple à travailler pour s’acheter une voiture … qui leur permet d’aller travailler !
Nous entendons des récits de bifurcation exemplaires : cet agronome qui met ses compétences au service d’une agriculture alternative, ce technicien qui collabore à un projet d’énergie renouvelable et locale, ce commercial qui développe un réseau coopératif citoyen, etc.
Ces exemples individuels de rupture radicale sont significatifs d’une prise de conscience et de choix de vie plus conformes aux enjeux de notre planète mais leur développement suffira-t-il à faire bifurquer notre société engagée dans une frénésie de croissance illimitée et donc d’exploitation des hommes et des ressources naturelles ?