Dégradation du service public, réduction de la biodiversité, croissance des inégalités, manque de logements, de travail, restriction de libertés, accaparement des ressources communes, … la liste s’allonge chaque semaine avec des rapports bien documentés qui s’accumulent sur les catastrophes en cours. On ne pourra pas dire qu’on ne savait pas.
Les collectivités locales sont en première ligne, souvent dernier recours dans les processus de précarisation voire d’exclusion sociale comme l’illectronisme par exemple.
Elus et cadres supérieurs s’affrontent à de véritables défis, à des contradictions majeures entre les besoins et les moyens disponibles. Les choix faits souvent par défaut ou plus rarement par volontarisme traduisent de fait les politiques locales dans un contexte général de bipolarisation de la société (libéralisme vs régulation). A l’heure où au niveau national, les arbitrages récents traduisent le service d’intérêts particuliers à court terme (victoire des lobbies) quelle politique mettent en œuvre les décideurs locaux ?
Que ce soit en matière d’urbanisme, de logement, d’action sociale ou de développement local la conciliation des logiques en présence devient de plus en plus difficile. La question du sens apparait centrale pour celles et ceux qui ne se résignent pas à s’absorber fébrilement dans l’activisme quotidien et donc dans l’inhibition du questionnement introduit par la célèbre phrase d’Albert Einstein « Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal mais par ceux qui les regardent sans rien faire » …
Lourde responsabilité qui se décline schématiquement en 3 attitudes : celle qui encourage ouvertement ces évolutions par proximité idéologique (par exemple censure de livres ou d’expos), celle qui de fait cautionne par passivité ce choix de société et enfin celle qui considère ces évolutions comme régressions s’engageant à les combattre quitte à s’affranchir de règles jugées illégitimes en âme et conscience. En ce domaine, ce n’est pas au tribunal administratif de trancher …
Il y a presque un demi-siècle Henri Laborit faisait l’éloge de la fuite et de la lutte en dénonçant les ravages de l’inhibition. Nous retrouvons aujourd’hui ce panorama par exemple dans la diversité les réactions face à certaines politiques locales anti-immigration ou anti-manifestations pacifiques …
Plusieurs groupes de chercheurs ont alerté avec force pétitions les risques de graves dérives technoscientistes. Certains s’engagent même dans des actes de désobéissance civile, voire démissionnent ostensiblement – rupture de contrat salutaire pour le psychisme des intéressés mais lourde de conséquences personnelles, familiales et économiques.
Il en est de même des cadres territoriaux qui refusent -avec lucidité et courage- d’inhiber leurs jugements critiques et donc d’être complice de décisions contraires à la devise de notre république. Se pose alors avec acuité le conflit de loyauté envers leurs élus … mais peut-être n’êtes-vous pas encore concerné ?